A Bart et Consorts
La ruse souscrit clairement à l’allusion - l’impasse tisse la manigance. Comment scinder ce que l’on peut réunir ? Et pourquoi réfractaire l’inverse parcourt les miasmes ? Le mobile filtre l’utilitaire risque. La caricature est l’éloge du caractère - le ventre ingurgite le gouffre de l’icône.
De plus en plus déchirée, la distance s’accroche à l’appétit et encaisse futile. L’erreur enchevêtre la pieuvre. Comment changer de voie et ouvrir de multiples combinaisons ? Mieux répartie, la matière et la conséquence croissent faisant face à la réserve mûre. L’équation confie le dénuement au bouclier. Clivage, une version, ne conclue, aveu de bataille, accroche l’éclat des territoires.
Le caporal ânonne et exhorte ses troupes à dévaster le tableau. La disposition tient lieu de lutte. Les vains espoirs sont comme des maquettes, trop fragiles et sujets au confinement précieux. Les entraves couronnent la fuite probante. Les enceintes altèrent le tangible. Le pourcentage piaffe parmi les fracas.
Zachary Lusten
Le 28 janvier 2011
***
O Portes sombres et fêlées,
portes du fleuve de nuit !
Entremêlée de carillons,
j’écoute vague vos murmures.
***
Vos portes épouvantes, ô nuit,
Aveugle
dans l’étreinte que je vois,
corps à corps du jour et de la nuit.
***
Dans les champs de nuit bleue
coulent tes heures vécues.
Son chant l’enveloppe d’épis.
***
***
Elis
Comment dire ces mots
passés dans la vision commune
puis vivre ensemble désormais.
***
Ainsi je marcherai
au rythme de mes pas
comme aux sabots de bœufs
lourds et bourbeux.
Il n’y aura ni temps ni lieux,
que l’ordre des pensées.
***
Je tairai vos nuits
bouche close
(dedans le parloir noir
où guérissent les mots)
rares déjà,
comme un divin passé.
***
Par la force des courants, un dévoiement du cap, une piste écartée, l'errance inacceptable. Je dérive sans explorer les rencontres fortuites aux alentours. En s'écartant des lieux, les corps icebergs, monolithes, se perdent, s'éteignent doucement, c'est irréversible. Je dérive sans le cap, doucement des corps s'écartent. L'errance sans explorer la force des lieux, une dérive sans explorer les courants, doucement, doucement aux alentours, et se perdre, s'éteindre. L'errance que l'on ne tolère, les rencontres fortuites s'éteignent doucement, c'est irréversible. Doucement, l'errance sans le cap, doucement, l'errant que l'on ne tolère, dérive, n'a jamais été, jamais, une rencontre fortuite, tout au plus, qu'il faut écarter, éteindre, sans explorer la force du courant, sans explorer les alentours, même occasionnellement. La force monolithique, un courant irréversible, des corps aux alentours, une dérive, corps icebergs que l'on ne tolère, écartés, une piste inacceptable, même fortuite, une dérive.
Des lignes courbes et droites
que je croise
des fleurs en fil de fer
près des plaques de plâtre
un blanc cassé.
Je fixe une pierre noire
amer éblouissant
remarquable
quelque soit le plan
mais rien ne se tient
juste une foi en
des lignes courbes et droites
aux trajectoires instables
frôlent ma face
prêtent à s'inviter
en moi
souffler l'hymne du pèlerin
une noire suivie d'une blanche
suivie d'un silence
qui campe sur cette position
sans trop y croire
s'accroche désespérément
et puis
repart
un mur succède à un autre mur
rien ne se tient
même les stèles déclinent
molles
déversant nos peaux mortes
sur la route
le ciel se détourne
le feu s'éteint
flocons de cendres
les corbeaux attendent.
Je fixe l'obsidienne
le reste n'est que mensonge.
Je suis l’envers du décor, l’ourlet de la jupe, le mot enfui qui insiste pourtant.
L’instant d’avant.
A l’abri du voile, le sourire secret, l’attente discrète.
J’écris à l’ombre de souvenirs, de l’autre côté du temps, à rebours des jours qui passent.
La page est un pré sec et jaune d’étés lointains où la tige du blé mûr trace des lignes brunes.
Je laisse les sillons creuser sur ma peau des nostalgies fécondes et des attentes de pluies.
Sous l’écorce de l’arbre la sève endormie attend l’heure des éclosions.
Elle murmure des chants oubliés.
Mélopées de ruisseaux, jaillis de l’herbe neuve du printemps dernier.
Elle dit : reviens
© Eadweard Muybridge, 1879
L’étranger : « regarde cette étoile, que te dit-elle ? Rien ! Et ce rien, c’est l’imagination qui le soulève. »
L’astronome : « Elle est trop proche, l’étoile, pour qu’on puisse la connaître. De loin, la perspective est bien meilleure. »
L’amateur : « Je n’en possède pas de semblable. C’est une étoile unique, peut-être même, rêvée. »
Le philosophe : « Ne s’observe que ce qui se construit ; ne s’invente que ce qui participe. »
Le SDF : « Dites-moi, quel goût a-t-elle ? »
Si je parle de ton corps, je parle des sables, des vents et des ruisseaux. Il est une île que j’aborde dans le secret des remous et des ondes – j’y perçois ce que la nature recèle, par ses courbes tissées. Ton corps, houle sang circule, oscillation – alternance des courants inouïs – baiser de la terre – divagante.
La ville est encore là, qui nous peint.
Nous offrons nos pigments derrière lesquels le medium transparaît, lucide. Et nous voilà des peaux, sous le regard des autres. Et nos vies slaloment
entre le
semblant
et d’autres
vérités.
Ton corps,
m’accordera-t-il, du temps ?
Pierre béton plâtre, où la ville s’appartient-elle, sinon dans le regard ? Les constructions nous couvent, les voies circulent dans nos pensées. Nous sommes de la chaleur qui monte des boyaux et des cryptes, des métros et des caves. De la moiteur, entre les jours, et les nuits sans escales. De la flamme qui vertige, que le souffle avive et strangule en même temps. Nous sommes du plâtre et du béton, du fer de la poussière, du silence de l’écho, du rien et du quand même. Peut être –
Je soulève
mes propres
questions /
que viens-tu faire dans ces mots
qu’y a-t-il de sang dans ton encre
pourquoi traverser les pages
les tourner comme sa langue
cette fois sans qu’elle bouge
pourquoi
s’éterniser
dans l’étincelle ?
Que veux-tu donc,
qui soit exprimé –
là
Toi mon frère, qui viens de quitter la surface ; pour ensemencer la terre, encore ;
toi qui traces ton île, par tes lèvres ouvertes ;
je te serre contre mes propres mots.
La mort, ce n’est pas l’heure,
mais la houle.
Leurre
qui nous sait part.
(Pour Aimé Césaire, ce vendredi sombre, du 18 avril 2008)
Daniel Leduc
(Geste(s) du Jour, inédits)
Des coquillages sur la niche
un Yorkshire chien de garde
d'une tirelire abandonnée
une laisse en cuir usée
sur la balançoire
les angles se répètent à l'envi
sous la robe blanche
aux reflets hybrides
mais toujours teintés de mélancolie.
Des mots larsens
percutent l'instant
les étincelles frôlent les cous plissés
lumineux.
Près des jasmins maculés
le long de la cuisse
on touche l'univers
jusqu'au nadir
dans un bruit de cuivre
bien grave.
Du gravier
là où les cerceaux s'entassent
raye le vernis
brise la croute
les doigts affamés
fouillent la gueule béante
jusqu'au cœur de la fable
pour en extraire le mou
et se saisir du bâton.
On parle de conjuration
d'une rengaine que l'on repousse loin
au delà d'une longueur de bras.
L'immensité n'effraye plus
on la parcourt sans retenu
vagabonde dans les entrailles
à chercher un signe.
Mais les boites
les valises
où brillaient encore quelques contes
sont vides.